Lors d’un week-end de formation auquel j’ai participé, une conférencière a abordé la thématique de la peur. L’essentiel de son message était de normaliser la peur que nous ressentons. Malgré cette peur, l’idée est de réaliser ce qui est important pour nous. Surmonter la peur peut améliorer l’estime de soi en nous aidant à accomplir ce qui nous tient à cœur.
Ce message est un beau résumé de l’attitude à adopter lorsque nous avons peur. La question à se poser n’est pas: Comment vaincre ma peur et la faire disparaître? C’est plutôt préférable de se demander comment parvenir à me confronter aux situations importantes pour moi malgré la présence de cette peur.
La peur peut considérablement influencer notre estime de soi. Elle peut nous paralyser et nous empêcher de réaliser ce qui est important pour nous. Lorsque nous n’osons pas entreprendre ou réaliser un projet qui nous tient à cœur, nous pouvons nous dévaloriser.
Dans cet article, je vais aborder ce qu’est la peur, en quoi elle utile et comment parvenir à la surmonter pour améliorer son estime de soi.
Comprendre pour surmonter la peur et améliorer l’estime de soi
Qu’est ce que la peur au fond? Et pour quelles raisons pouvons-nous avoir peur? La peur est juste une émotion c’est-à-dire une indication que notre corps nous envoie pour délivrer un message. Nous pouvons assimiler nos émotions à des « délivreurs » de messages. Ces livreurs de messages tentent de nous avertir de quelque chose et nous transmettre une information.
Les émotions sont en liens avec nos besoins
Les émotions sont en lien avec nos besoins et nous indiquent si ceux-ci sont satisfaits ou non. Ainsi, la peur est en lien avec le besoin de nous protéger. Nous avons peur lorsque notre cerveau détecte un « danger ». Il active dès lors différents systèmes dans notre corps afin de nous préparer à faire face à ce « danger ». Le hic, c’est que notre cerveau ne fait pas la distinction entre une voiture qui nous fonce dessus et le rejet. Je caricature car vous avez déjà certainement remarqué que nos sensations sont différentes si une voiture nous fonce dessus ou si nous sommes dans une situation anxiogène.
Voir la peur comme notre amie
Dans ces situations, nous ressentons de la peur et c’est simplement une manière qu’à trouver notre cerveau de nous protéger. Si j’insiste sur ce point, c’est pour vous inviter à essayer de percevoir la peur comme une amie et non comme votre ennemie. Voir les choses de cette manière peut nous aider à apprendre à mieux vivre avec nos peurs pour ne plus avoir peur d’avoir peur.
Je vous suggère de regarder cette petite vidéo. Elle illustre qu’il est préférable d’essayer de vivre avec sa peur au lieu de perdre son énergie à la combattre. Cette vidéo a été crée par Gobelins Paris qui ont fait un travail splendide pour faire comprendre ce concept.
Lien entre les pensées et les sensations corporelles
Notre cerveau ne fait pas la différence entre ce qu’il imagine et ce qu’il vit réellement. Lorsque nous avons des pensées de peur concernant une situation à venir, notre cerveau croit que nous les vivons réellement. Il commande alors au corps d’y réagir en conséquence. Et c’est là que nous pouvons ressentir toutes les sensations inconfortables liées au stress.
Nous avons déjà tous déjà ressentis ces sensations comme la cœur qui bat plus vite ou la respiration qui devient plus rapide. Lorsque nous prenons conscience de ces sensations, notre peur et les pensées qui y sont liées s’intensifie davantage ce qui accroit les sensations. Et la boucle est bouclée!
Nous pouvons alors nous retrouver dans un figement où réagir en évitant la situation perçue comme trop anxiogène. C’est complètement humain de vouloir éviter une situation qui nous fait peur. Je trouve juste nécessaire de comprendre le phénomène pour essayer de ne plus le subir.
L’impact de la peur sur l’estime de soi
Comme je viens de le souligner, c’est tout à fait humain de vouloir éviter ce qui nous fait peur. Toutefois, lorsque nous évitons les situations qui nous font peur, cette peur grossit et prend plus de place.
Représenter sa peur comme un personnage
Je vous invite à essayer d’imaginer votre peur comme un personnage. Vous pouvez vous le représentez un peu comme dans le film Vice et Versa et dans le film d’animation ci-dessus. Ce personnage vous veut du bien et veut vous protéger d’un potentiel danger. Lorsque vous l’écoutez, vous évitez ce qui vous fait peur. Par conséquent, vous ressentez plus de confort à court terme car vous avez échappé à la situation.
En évitant la situation anxiogène, c’est un peu comme si vous donnez à manger à votre personnage. Plus vous évitez ce qui vous fait peur et plus vous ressentez ce confort immédiat. Vu qu’il mange, il grossit encore et encore tout comme votre peur. Les personnes que j’accompagne ont vu leur peur s’intensifier avec les années et se manifester dans des situations variées. Elles ont ainsi nourrit leur personnage qui a pris de plus en plus de place.
Ainsi, la peur nous bloque et nous empêche d’agir en direction de ce qui compte vraiment. Ce figement ou cette fuite peut vraiment détériorer notre estime personnelle, ce qui peut remettre une couche à notre peur. Et un magnifique cercle vicieux s’est mis en place. Bonne nouvelle! Il est tout à fait possible de casser ce cercle vicieux et de mettre au régime votre personnage.
Comment surmonter la peur et améliorer l’estime de soi?
Les techniques présentées ci-dessous permettent de mieux vivre avec sa peur afin de ne plus la laisser être maître à bord. Au travers de ces approches, vous allez également découvrir comment surmonter la peur peut améliorer l’estime de soi.
Ne plus avoir peur d’avoir peur
J’espère ne pas vous avoir perdu avec ce sous-titre! Une des première techniques pour « dompter » sa peur est de ne plus en avoir peur. Se représenter sa peur sous forme imagée comme stipulé ci-dessus fait partie de cette technique. C’est assez magique et c’est une puissante technique utilisée en hypnose. J’ai accompagné plusieurs personnes qui présentaient de grosses crises d’angoisse. L’une d’elle manifestait d’importants malaises où elle s’évanouissait. Quand je lui ai suggéré cette idée, et même souhaiter que ces malaises se présentent, elle n’en a plus eus! Elle m’a d’abord regardé bizarrement et je le comprends tout à fait! Néanmoins, quand elle a cultivé cet état d’esprit, elle n’a plus eu de malaises.
Retrouver une respiration régulière et apaisée
Lorsque la peur s’intensifie, l’objectif numéro un est de ralentir le corps et apaiser les sensations physiques. Une manière d’y parvenir est de ralentir son rythme respiratoire et d’installer une régularité dans sa respiration. Cet exercice se centre d’abord à mettre votre attention sur les mouvements de votre corps à chaque respiration. L’idée principale à retenir de cette pratique est de rallonger chaque expiration afin qu’elle soit plus longue que l’inspiration. Ensuite, une fois que le rythme respiratoire s’installe peu à peu, vous pouvez essayer de relâcher certaines parties de votre corps lors de chaque expiration.
J’ai réalisé un enregistrement audio de cet exercice que je transmets à mes patients afin qu’ils s’exercent chez eux. Si vous souhaitez l’obtenir, je vous invite à laisser votre adresse email ci-dessous afin de pouvoir le recevoir. Cet exercice est tiré du livre la thérapie fondée sur la compassion de Paul Gilbert.
Vous souhaitez un exercice permettant d’apaiser vos émotions ?
Je vous invite à vous inscrire ci-dessous pour recevoir un enregistrement audio et pratiquer cet exercice de respiration autant de fois que vous le voulez.
Observer et accepter les sensations physiques en lien avec sa peur
Comme nous l’avons vu, la peur se manifeste essentiellement via des sensations dans notre corps. Il est préférable d’observer et cultiver l’acceptation de ces sensations lorsqu’elles se présentent au lieu d’être dans le rejet et la lutte. C’est plus facile à dire qu’à faire et c’est par ailleurs contre naturel. Toutefois, lorsque nous y arrivons, nous vivons plus sereinement la peur et parvenons donc à davantage la dompter. C’est un peu comme des sables mouvants : au plus nous luttons pour nous en sortir et au plus nous risquons d’être aspiré vers le fond.
Tout comme un muscle se fortifie avec de l’entraînement, apprendre à observer ces sensations et mieux les accepter se développe également avec de la pratique. En y parvenant, nous arrivons à prendre des distances avec ces sensations et les interpréter comme une simple réaction corporelle.
Faire un travail d’introspection
Pour faire ce travail d’introspection, je vous invite à vous poser ces trois questions au sujet de ce qui peut vous faire peur.
Qu’est ce que la peur m’empêche de faire?
Lorsque la peur se manifeste, la tendance est grande de vouloir éviter, reporter et procrastiner ce qui est anxiogène. Nous ressentons alors un confort immédiat d’avoir éviter la situation. Toutefois, cet évitement peut nous laisser un goût amère en bouche d’avoir laisser tomber une opportunité ou tout autre chose d’important. Réfléchir à ce que la peur nous empêche de faire peut nous aider à développer la motivation nécessaire pour décider d’y aller malgré sa présence.
Et finalement, quel est le pire scénario possible?
Si on y réfléchit bien, quel est le pire du pire à vivre ce que l’on redoute le plus? Cette technique fait référence à la technique de la flèche descendante utilisée en psychologie cognitivo-comportementale. Elle consiste à imaginer les pires conséquences en cascade de la situation redoutée.
Par exemple, appliquer cette approche à la peur de parler en public revient à imaginer une conséquence négative comme la critique des autres. Ensuite, imaginer la pire des conséquences à être critiqué comme par exemple être rejeté par certaines personnes. Et encore ensuite imaginer la pire des conséquences à être rejeté par certaines personnes, etc. Lorsque l’on réalise cet exercice, nous pouvons bien souvent constater que ce que nous craignons n’est finalement pas si grave que ça. Nous avons donc davantage à perdre à écouter notre peur qu’à gagner.
Qu’est ce que je gagne à m’y confronter?
Ce que nous évitons ou reportons est souvent en lien avec un projet important pour nous. Si il n’y a pas d’enjeu alors généralement le jeu n’en vaut pas la chandelle. Donc, nous avons souvent beaucoup à gagner à nous confronter à ce qui nous fait peur. Réfléchir à cette question, c’est pouvoir imaginer : « et si ce que je souhaite faire ou entreprendre fonctionne, qu’est ce que cela va m’apporter? »
La plus grande réussite n’est pas d’atteindre le résultat tant convoité mais plus d’avoir parcouru le chemin pour y arriver. Dans cet état d’esprit, décider d’entreprendre de faire quelque chose qui nous tient à cœur nous amène à être déjà gagnant!
Mon exercice d’introspection personnelle
Dans le cadre de la réalisation de mon bog, j’ai souvent ressenti une anxiété et un stress face à l’exposition aux regards des autres. « Qu’est ce que ma famille va penser de ce nouveau projet? Et que vont penser les personnes que j’accompagne si je m’expose sur les réseaux? Comment mes collègues vont me considérer si je n’étayent pas mes écrits avec suffisamment de références scientifiques et bibliographiques? » Voici comment j’ai appliqué ces trois questions pour mon effectuer ce travail d’introspection personnelle.
Qu’est ce que la peur m’empêche de faire?
Ma crainte du regard des autres m’a parfois amené à procrastiner la rédaction d’articles et l’avancement dans la formation que je réalise sur le blog. Je me suis souvent demandé et me demande encore si les lecteurs vont trouver mon contenu intéressant et surtout si cela va pouvoir les aider. J’ai aussi remarqué que lorsque j’ai procrastiné l’écriture d’articles, je me suis souvent sentie en conflit avec moi-même et je ressentais un malaise intérieur. Le prix à payer de reporter et d’écouter mon personnage peut être lourd de conséquences.
Quel est le pire scénario possible?
Le pire scénario est que mes articles n’intéressent pas les lecteurs et que je sois critiquée par d’autres personnes. Et le pire scénario d’être critiqué n’est en soi pas si grave que ça quand j’y réfléchit bien. Si c’est le cas, je m’interrogerais sur ce qui pourrait mieux aider les personnes, ce qui pourrait finalement être plutôt constructif. Dans le pire du pire, j’aurais au moins acquis de nouvelles connaissances et compétences dans cette thématique.
Qu’est ce que je gagne à m’y confronter?
Lorsque je me confronte à cette peur, je réalise que je suis alignée avec mon objectif qui est d’aider les personnes à avoir une meilleure estime de soi. Etre en cohérence avec mes valeurs me fait beaucoup de bien. Par ailleurs, je développe mes connaissances et mes compétences dans le domaine de l’estime de soi et de l’autocompassion. Si je reçois des critiques, c’est plutôt une opportunité d’apprendre à évoluer.
Quel est l’effet d’une peur domptée sur l’estime de soi
Lorsqu’une peur est domptée, l’effet sur l’estime de soi est profondément transformateur. En affrontant ses craintes, on découvre souvent une force intérieure insoupçonnée, et chaque petite victoire devient un pas de plus vers une confiance renouvelée.
Je me suis moi-même rendu compte que surmonter mes inquiétudes face au jugement, notamment à travers l’écriture de mon blog, m’a permis de renforcer ma perception de mes capacités. Cette démarche, bien qu’ardue, a non seulement élargi mes horizons, mais aussi consolidé ma résilience. L’estime de soi devient un puissant allié dans l’accomplissement personnel et professionnel.
En fin de compte, dompter la peur ne signifie pas son absence totale, mais plutôt sa transformation en un moteur de croissance et d’épanouissement continu. En partageant cette lutte universelle, nous réalisons que derrière chaque peur peut se cacher une nouvelle facette de notre propre potentiel, prête à éclore.
Avez-vous apprécié cet article? Avez-vous déjà eu l’impression que votre peur vous empêchait aussi d’avancer en direction de ce qui compte pour vous?
Si c’est le cas, je vous invite à essayez de mettre en pratique les techniques présentées ci-dessus et dites moi en commentaire si elles ont été utiles pour vous.
Je vous remercie d’avance de vos retours 😉
Références bibliographiques
- Art-Mella. (2021). Emotions : enquête et mode d’emploi. France : éditions Pour penser.
- Cottraux, J. (2004). Les thérapies comportementales et cognitives. Elsevier Masson.
- L’homme, B. (2022). Apprentissage et utilisation pratique de l’hypnose conversationnelle (syllabus de cours).
- Gheysen, F., Paucsik, M. & Delamilieure, P. (2022). La thérapie fondée sur la compassion : principes et applications cliniques. Elsevier Masson.
- Monestès, J-L. & Villate, M. (2011). La thérapie d’acceptation et d’engagement. Elsevier Masson.