Maman active travaillant sur son ordinateur avec ses enfants autour, illustrant le sentiment de ne pas être une bonne maman.
Maman Active

« Je ne suis pas une bonne maman » : d’où vient ce sentiment?

En tant que maman, nous apprenons rapidement à devoir jongler avec différentes casquettes. Nous sommes nombreuses à nous être déjà retrouvées dans cette situation : préparer le repas du soir tout en aidant un de nos enfant à finir ses devoirs, en ayant en tête le dossier que l’on devra absolument clôturer pour le lendemain, sans oublier les documents à rendre à l’école et les affaires de gym à prévoir! La journée se termine et nous pouvons nous coucher avec ce sentiment inconfortable de ne pas en avoir fait assez alors que nous avons fait de notre mieux.

Je rencontre beaucoup de mamans qui m’expliquent qu’elles ressentent cette désagréable sensation de ne pas être une bonne maman. Ce sentiment vient du fait de devoir se partager entre leur vie familiale et professionnelle. Elles me relatent qu’elles ont le sentiment de ne pas être une bonne maman car elles estiment qu’elles ne sont pas suffisamment présentes pour leurs enfants. Elles ont parfois le même sentiment pour leur vie professionnelle: puisqu’elles ont des obligations familiales, elles peuvent avoir le sentiment de ne pas pouvoir pleinement s’investir dans leur carrière.

Dans cet article, je vais expliquer ce qui peut générer cette sensation et vous donner quelques pistes pour l’apaiser et ainsi développer le sentiment que vous êtes déjà une bonne maman.

Un sentiment partagé : « Je ne suis pas une bonne maman »

C’est en vivant moi-même cette réalité d’apprendre à concilier vie de maman et vie professionnelle que j’ai souhaité développer davantage mes connaissances dans ce domaine. Je sonde donc dans mon quotidien toutes les mamans que je rencontre. Et je fais ce constat que nous sommes toutes un peu dans le même bateau bien souvent sans le savoir! Avant d’aborder d’où vient ce sentiment, je tenais à souligner ce point. Nous sommes nombreuses à cheminer dans notre quotidien avec cette pensée « Je ne suis pas une bonne maman »!

Notre esprit est parfois très convaincant : il fabrique des croyances qui paraissent vraies alors qu’elles ne le sont pas. La bonne nouvelle, c’est qu’on peut apprendre à prendre de la distance avec ces certitudes et à ne plus se laisser piéger par tous les scénarios que notre cerveau invente. Cela peut sembler étrange ou un peu abstrait, mais je vous invite à lire mon article : vous y découvrirez comment apprivoiser ces pensées et cesser de croire tout ce que votre esprit essaie de vous faire croire.

Isabelle Roskam et ses collaborateurs se sont intéressés à la prévalence du burnout parental dans 42 pays. Les résultats de ces recherchent indiquent que 5% des parents souffrent de burnout à l’heure actuelle. Ce pourcentage peut toutefois être plus élevé dans certaines régions du monde et atteindre 8%. Bien que cette problématique touche à la fois les papas et les mamans, les études ont mis en évidence que les mères obtiennent des résultats de burnout parental significativement supérieurs aux papas. En effet, une autre étude révèle que 65% de la charge mentale est assumée par les femmes, soit deux fois plus que les hommes.

Pourquoi tant de femmes se disent « je ne suis pas une bonne maman »?

Les attentes irréalistes de la société

Comme nous la rappelle très justement Moira Mikolajczak et Isabelle Roskam dans leur livre sur le burnout parental, notre société a évolué de manière à ce que la parentalité soit au centre de nos préoccupations. Nous sommes maintenant dans une société où l’hyper-parentalisation est présente. Elle se caractérise par une attention particulière à nos enfants, leurs émotions, leur éducation et comment les rendre les plus heureux et épanouis possible. Les auteurs insistent en soulignant « pour rendre ses enfants heureux, pas pour être un papa ou une maman heureuse ».

Cette réalité actuelle favorise une tendance à devoir faire plus pour nos enfants. Pour nos grand-mères et arrières grand-mères, ces questions ne se posaient pas. Actuellement, les mamans jonglent avec leur vie professionnelle, familiale tout en devant être au taquet pour le bien-être de leur enfant.

La comparaison avec les autres

La comparaison avec les autres est devenue presque inévitable, surtout à l’ère des réseaux sociaux où tout est visible en permanence. Et s’il y a bien un domaine où elle frappe fort, c’est la parentalité. Pour nous, mamans, il suffit parfois d’un coup d’œil sur Instagram pour que le doute s’installe : cette maman qui prépare des goûters faits maison, qui sourit radieusement à côté de ses enfants parfaitement coiffés… et nous, devant notre vaisselle en retard ou en train d’oublier la photo de classe.

On sait pourtant, au fond de nous, que se comparer n’a rien de sain et que chacun montre seulement une partie choisie de sa vie. Mais notre cerveau, lui, a vite fait de transformer ces images en preuves que nous ne faisons “pas assez” ou que nous ne sommes “pas à la hauteur”.

L’autocritique et le perfectionnisme

L’autocritique, c’est cette petite voix intérieure qui nous juge sévèrement dès qu’on n’atteint pas nos propres attentes. Elle se nourrit de nos exigences trop élevées et peut vite devenir sans pitié envers nous-mêmes. Souvent, elle oublie complètement de replacer les choses dans leur contexte ou de tenir compte de notre histoire. Par exemple, il m’est déjà arrivé d’oublier la boîte à tartine et les collations de mon fils pour l’école. Sur le moment, j’aurais pu me dire “quelle mauvaise maman !”. Mais ce qui m’a aidée à ne pas tomber dans ce jugement, c’est de me rappeler du contexte : j’étais épuisée, avec beaucoup de travail et de responsabilités à ce moment-là. Replacer la situation dans son cadre réel permet de désamorcer cette autocritique.

Le perfectionnisme va favoriser l’émergence de pensée : »Je ne suis pas une bonne maman ». Il peut créer un écart entre l’image du parent idéal et la manière dont le parent se perçoit. Plus cet écart est important, plus le stress risque de se faire sentir. Ce qui est rude et ingrat avec le fonctionnement perfectionniste, est que bien souvent, l’entourage ne perçoit pas la quantité de travail et d’énergie déployée derrière les tâches effectuées. Il n’y a donc pas de reconnaissance.

La charge mentale

Un autre facteur qui nourrit ce sentiment de “je ne suis pas une bonne maman” est la charge mentale. Les mamans portent souvent la responsabilité invisible de penser à tout : anticiper les repas, se rappeler des rendez-vous médicaux, préparer les affaires d’école, gérer les activités, prévoir les vacances… Cette liste sans fin tourne en arrière-plan, comme un logiciel qui ne s’arrête jamais. Et lorsqu’un détail nous échappe (un sac oublié, une autorisation non signée, un anniversaire manqué), la petite voix intérieure surgit aussitôt : “Tu vois, tu n’es pas à la hauteur.”

En réalité, ce n’est pas un signe d’incompétence, mais bien la conséquence d’une charge mentale écrasante. Aucune personne ne peut tout retenir et tout gérer parfaitement. Reconnaître le poids de cette charge est déjà un premier pas pour cesser de confondre oubli et échec personnel.

Les conséquences de se répéter « je ne suis pas une bonne maman »

Se répéter sans cesse “je ne suis pas une bonne maman” a un coût important, souvent invisible mais bien réel.

Impact émotionnel : fatigue, culpabilité, stress

Les mots que l’on se dit à soi-même ont un réel impact sur notre bien-être. Ainsi, cultiver ce genre de fausse croyance telle que « je ne suis pas une bonne maman », « je ne suis pas à la hauteur » fragilise et rend vulnérable. Cette pensée amène la maman à focaliser son attention davantage sur ce qu’elle estime ne pas faire assez bien en l’empêchant de voir ce qu’elle réussit avec ses enfants.

Cette pensée est un facteur de stress notamment car elle s’accompagne de culpabilité et de fatigue. Le stress, la fatigue et la culpabilité ont tendance à nous rendre moins efficace et nous fait perdre nos moyens ce qui renforce alors cette fausse croyance.

Ce qui peut aider est de mettre son attention sur tout ce que vous apportez à vos enfants, ce que vous faites pour eux dans le quotidien. Vous pouvez aussi mettre vos attentions sur les valeurs que vous leur transmettez au travers du temps que vous accordez à votre carrière et à vous même.

Impact relationnel : perte de patience avec ses enfants

Quand on se sent déjà insuffisante, le moindre caprice ou oubli d’un enfant peut devenir une étincelle qui déclenche colère ou découragement. Et cela renforce encore la culpabilité : “En plus, je perds mon calme.” Je crois que nous sommes aussi nombreuses à avoir déjà perdu patience avec nos enfants. Et c’est humain! Ce qui peut favoriser les moments où on perd patience, c’est justement le stress, le sentiment de ne pas en faire assez alors que vous faites déjà de votre mieux.

Lorsque nous prenons soi de nous en tant que maman, nous le faisons aussi pour nos enfants. Si nous sommes plus sereines et apaisées, ils le ressentent et les relations s’améliorent également.

Impact professionnel : impression de ne pas être à la hauteur à son travail

Plusieurs mamans que j’accompagne m’ont confié qu’elles avaient souvent l’impression de ne pas être à la hauteur dans leur travail. Elles me disent se sentir “en retrait”, comme si elles ne pouvaient pas s’investir pleinement dans leur carrière, parce qu’une partie d’elles reste toujours accaparée par leur rôle de maman.

Ce sentiment d’insuffisance au travail s’accompagne d’un lot de pensées qui fragilisent : le doute sur leur légitimité, la peur de ne pas avoir assez de valeur, la conviction de ne jamais être assez performante. Et ce tiraillement constant devient épuisant : elles se sentent coupées en deux, jamais totalement présentes ni dans leur rôle de maman, ni dans leur vie professionnelle.

Comment changer ce regard sur soi?

La bonne nouvelle, c’est qu’il est possible d’apprendre à vivre autrement avec ses pensées. La première étape est de reconnaître que cette voix intérieure n’est pas la vérité, mais une interprétation influencée par la fatigue, la comparaison et des attentes trop élevées. En réalité, notre esprit nous joue des tours constamment et élabore pour nous tout un tas de scénarios et de pensées.

Il existe des astuces qui peuvent apprendre à ne plus croire ce que notre esprit nous raconte. Et lorsque nous y parvenons, c’est tellement libérateur. Ces pensées n’ont par conséquent plus d’impact émotionnel.

Ensuite, il peut être précieux d’apprendre à se parler avec plus de bienveillance. Par exemple, remplacer “Je suis une mauvaise mère” par “J’ai oublié la boîte à tartine aujourd’hui, mais ça ne définit pas la maman que je suis.” Ce n’est pas un oubli qui peut définir la maman que nous sommes au quotidien pour nos enfants. Nous sommes bien plus que cela. Une manière de développer davantage de bienveillance envers soi-même est de replacer chaque situation dans son contexte. Une erreur ou un oubli n’efface pas tout ce que vous faites au quotidien pour vos enfants.

Ce qui est assez magique avec nos enfants, c’est de constater à quel point il peut être bénéfique pour eux lorsque nous devenons plus bienveillantes avec nous-mêmes. C’est alors notre relation avec eux qui devient beaucoup plus sereine.

Conclusion

Se dire “je ne suis pas une bonne maman” n’est pas une preuve d’échec, mais le reflet d’une pression énorme qui pèse sur les mères aujourd’hui.

Vous n’êtes pas seule à ressentir ce tiraillement. Reconnaître cette petite voix intérieure, l’observer sans y croire aveuglément et apprendre à se parler avec plus de douceur sont déjà des pas essentiels pour transformer ce regard sur vous-même.

Parce qu’au fond, vos enfants n’ont pas besoin d’une maman parfaite. Ils ont besoin d’une maman vraie, présente, et suffisamment bonne. Et ça, vous l’êtes déjà bien plus que vous ne le croyez.

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