Parmi les personnes que j’accompagne, j’en vois beaucoup qui présentent un discours autocritique et se dévalorisent. Elles semblent par moment submergées par un manque d’estime de soi. Ces pensées particulièrement jugeantes à leur égard pèsent dans leur quotidien. La vie devient effectivement plus compliquée lorsque nous passons notre temps à nous dénigrer.
J’ai découvert un concept qui est étroitement lié à l’estime de soi : l’autocompassion. L’autocompassion se caractérise par notre capacité à pouvoir nous donner de la compassion et à nous traiter comme nous pourrions traiter un ami proche. Pouvoir cultiver davantage d’autocompassion nous aide à construire une estime de soi plus forte et solide.
Dans cet article, je vais définir explorer les différences entre l’estime de soi et l’autocompassion.
Comprendre le concept d’estime de soi et d’autocompassion
Définition de l’estime de soi
L’estime de soi est la vision que nous avons de notre propre valeur et elle est essentiellement constituée par les pensées que nous avons à notre égard. Elle se façonne donc par le jugement que nous nous portons.
L’estime que nous avons de nous même se développe lorsque nous nous jugeons compétent dans des domaines que l’on considère important pour nous. Par exemple, le fait d’être doué pour cuisiner et nul pour conduire n’aura de l’effet sur l’image que j’ai de moi que si j’accorde de l’importance à l’un ou à l’autre. Nous pouvons dire que notre estime de soi découle non seulement de notre évaluation de nous-même et aussi des évaluations que nous percevons des autres.
Définition de l’autocompassion
L’autocompassion peut se définir par notre capacité à pouvoir être bienveillant vis-à-vis de nous-même comme nous le serions naturellement envers un ami proche. L’autocompassion représente notre motivation à réduire notre souffrance. Elle nécessite donc d’y être d’abord attentif et ensuite de l’accueillir.
Kristin Neff, pionnière dans ce domaine, met en évidence que l’autocompassion se structure autour de trous éléments :
- la gentillesse envers nous même qui se manifeste par une attitude chaleureuse et aimante plutôt que critique et jugeante.
- le sentiment d’humanité commune : avoir conscience que notre souffrance peut-être vécue par d’autres et que nous ne sommes donc pas les seuls à la vivre.
- la pleine conscience qui reflète notre capacité à accueillir et accepter les pensées, les émotions et les sensations désagréables que nous vivons.
Les différences entre l’estime de soi et l’autocompassion
Sources de ces deux concepts
La construction de l’estime de soi s’effectue essentiellement au travers de nos pensées et donc de l’évaluation que nous avons de nous-même. Elle est donc plutôt d’ordre mental.
Avec l’auto compassion, le sentiment de notre valeur vient davantage de notre coeur et non de notre mental. L’autocompassion n’est pas une évaluation de notre compétence dans une situation donnée. Elle ne cherche pas à juger si l’on est bon ou pas. Elle permet plutôt de nous accepter tel que nous sommes.
Différence au niveau émotionnel
Les études ont longtemps mis en avant qu’avoir une haute estime de soi nous protège de l’anxiété et de la dépression. Il est vrai qu’avoir des pensées et un regard positif sur soi est préférable qu’avoir des pensées autocritiques de type « je suis vraiment nul ». L’estime de soi va augmenter lorsque nous atteignons un objectif ou que nous recevons la reconnaissance des autres. Elle a également tendance à diminuer lorsque nous rencontrons des difficultés. Ainsi, l’estime de soi peut fluctuer en fonction de nos réussites ou de nos échecs et a une influence sur les émotions que nous ressentons.
L’autocompassion quant à elle reste stable même lorsque la situation ne se déroule pas comme nous l’avions prévu. Elle va favorise une meilleure acceptation d’un éventuel échec. Confrontée à une situation embarrassante, les personnes qui présentent de l’autocompassion pourront plus facilement se dire « ça arrive à tout le monde » et ne se jugeront pas.
Différence face à l’échec
Lorsque nous parvenons à cultiver de l’auto compassion, notre sentiment de valeur personnelle reste stable et solide même lorsque nous ne parvenons pas à atteindre un objectif. Puisque l’autocompassion nous permet de se sentir plus serein dans nos émotions, nous avons davantage la capacité de modifier la perception de ce qui a pu nous arriver.
Par exemple, au lieu de se juger et de nous dénigrer de ne pas avoir eu l’emploi convoité, nous pouvons plus facilement percevoir la situation différemment sans remettre en question notre valeur personnelle.
Différence au niveau relationnel
Puisque l’estime de soi se fait sur base d’une évaluation, elle favorise alors de se comparer aux autres et de réfléchir davantage en terme de rang social et de statut.
Avec l’autocompassion, nous prenons conscience que nous ne sommes pas seuls à vivre les difficultés que nous rencontrons. Lorsqu’on y réfléchit bien, quelles que soient les obstacles qui entravent notre route, il est fort probable que d’autres les aient déjà vécus. Je trouve que c’est tellement plus réconfortant de voir les choses de cette manière.

Conclusion
L’estime de soi et l’autocompassion vont de pair. En effet, lorsque nous parvenons à nous accorder de la compassion, notre estime de nous-même s’améliore naturellement. Un exemple qui peut illustrer clairement ce concept est l’attitude d’une maman envers son enfant. Une maman aimante, bienveillante et chaleureuse envers son enfant lui permettra de développer une estime de lui-même solide. En étant bienveillante et aimante, la maman envoie le message à son enfant qu’il compte et qu’il a de la valeur. C’est exactement le même principe que nous pouvons appliquer à nous même.
Références bibliographiques
Leboeuf, I. 2024. Formation « La thérapie fondée sur la compassion. »