Le poids invisible de la double journée des mamans
Votre journée de travail se termine et vous vous apprêtez à retrouver vos enfants. La fatigue vous envahit quelque peu et peut-être encore davantage en pensant à cette 2ième journée qui s’amorce. J’ai souvent entendu cette expression que nous avons une seconde journée qui démarre après le travail lorsque nous avons des enfants. Et c’est tellement vrai!
Vous rentrez chez vous et le tumulte démarre : devoirs, repas, tâches à effectuer, papier pour l’école à signer, les bains et pour terminer la mise au lit. Lorsque vous avez coché toutes ces cases, vous vous rendez compte que le temps à manqué pour jouer, se poser et prendre le temps.
Et c’est là que Madame Culpabilité pointe le bout de son nez. Elle vous souffle peut-être des phrases comme : »tu n’es pas été assez présente », « tu n’as pas pris le temps de jouer et d’écouter », « tu as trop crié ». Et pourtant, vous avez fait de votre mieux. Nous sommes nombreuses à nous reconnaitre dans cette situation. La culpabilité maternelle est un sentiment fréquent chez les mamans actives, souvent alimenté par le stress, les injonctions sociales et la charge mentale.
Je vais développer pour quelles raisons tant de mamans culpabilisent afin de mieux le comprendre et donner quelques pistes pour l’apaiser. Comme je le dis souvent aux personnes que j’accompagne, lorsque la culpabilité submerge, elle peut devenir un véritable poison pour notre esprit.
D’où vient cette culpabilité?
De nombreuses études abordent ce concept de culpabilité présente chez tant de mamans. C’est comme si ce fichu sentiment pouvait difficilement nous lâcher. J’observe que les mamans ont plus vite tendance à culpabiliser que les papas.
Il est légitime de ressentir de la culpabilité car elle fait partie de l’expérience humaine. Elle permet de réguler nos comportements de parents notamment dans les conflits. Elle peut nous aider à reconnaitre des comportements à modifier dans les interactions avec nos enfants (Quentel 2008).
Culpabilité maternelle : origines psychologiques et sociales
Des théories (Freud, 2010; Benhaïm, 2002) avancent également l’idée que la culpabilité est un phénomène commun à notre nature. Il semble que cette culpabilité vient de l’ambivalence des sentiments que nous pouvons ressentir à l’égard de nos enfants. Nous les aimons profondément , et par moments, ils peuvent aussi nous mettre à bout et nous agacer. Cette ambivalence ne détériore pas l’amour que nous ressentons pour eux. L’ambivalence de ces sentiments n’est pas un problème mais c’est plutôt la culpabilité ou l’anxiété de la ressentir qui l’est. Néanmoins, dans nos société où la maternité est associée au bonheur, ressentir des émotions d’agacement à l’égard de nos enfants peut devenir culpabilisant. Les croyances que nous avons sur nous-même et sur la parentalité conditionnent donc notre culpabilité.
Un autre aspect qui favorise la culpabilité maternelle est la notion de mère idéale. De manière générale, vouloir atteindre un idéal quelque soit le domaine peut être délétère. C’est pareil en ce qui concerne la parentalité. Avoir un idéal à atteindre doublé d’un perfectionnisme va amener la maman à se sentir coupable de ne pas y arriver. Bien souvent, la barre est placée si haut qui lui sera difficile de l’atteindre d’on le sentiment de culpabilité.

Pourquoi se comparer aux autres mamans entretient notre culpabilité?
Nous vivons à l’ère des réseaux sociaux ce qui a tendance à accentuer notre tendance naturelle à nous comparer. Et dans le domaine de la parentalité, cette comparaison avec les autres mamans est bien présente ce qui peut aussi faire réapparaitre Madame Culpabilité. Or, la seule personne à laquelle nous devrions uniquement nous comparer, c’est nous-même. Lorsque nous nous comparons à d’autres mamans, nous comparons ce qui n’est pas comparable. Un enfant n’est pas l’autre tout comme une situation familiale.
Vous allez me dire que c’est facile à dire et beaucoup plus difficile à pratiquer. Effectivement, ce phénomène est comme un réflexe pour notre esprit. Le premier pas est déjà d’en avoir conscience pour déjouer ce piège que tente de nous faire notre cerveau. Se traiter avec douceur et bienveillance est le pas suivant qui peut également aider.
Comment se manifeste cette culpabilité?
La culpabilité se manifeste de manière insidieuse et essentiellement dans vos pensées. Lorsqu’elle submerge, c’est la petite voix dans votre tête qui tente de vous raconter des histoires.
Et si nos croyances sur la maternité nous faisaient culpabiliser ?
Les croyances sont des pensées que nous avons et qui reflètent notre perception du monde, de nous-même et des autres. Elles influencent bien évidemment la manière dont nous interprétons les situations que nous vivons. C’est un peu comme si elles représentent des lunettes qui colorent la manière dont nous percevons le monde qui nous entoure. Des croyances telles que « je devrais toujours avoir envie de jouer ou de m’occuper de mes enfants » ou encore « je suis une mauvais mère d’avoir dit ces choses ou d’avoir crié » vont favoriser la culpabilité.
Si il existe un décalage trop important entre ce que je suis maintenant comme maman et ce que j’estime devoir être, je risque de me sentir coupable. Par exemple, si une maman a comme idéale de préparer tous les jours des plats ultra sains, d’avoir une maison rangée parfaitement en fin de journée, les jours où elle sera moins disponible pour cuisiner ou aura moins d’énergie pour ranger, elle se sentira coupable.
J’ai aussi rencontré d’autres mamans qui ont cet idéal d’être pleinement présente quotidiennement auprès de ses enfants notamment par les jeux. En l’étant moins ou pas du tout après une journée chargée, elles culpabilisent. Et il est tout à fait légitime de ne pas avoir envie de jouer avec ses enfants lorsque nous sommes fatigués. Ce ressenti n’est pas le problème mais c’est plutôt la perception que l’on en a qui l’est.
Comment apaiser notre culpabilité?
La culpabilité est naturelle et peut être utile dans diverses situations. Nous ne pouvons pas empêcher de la ressentir. Voici des astuces à tester dans le quotidien pour apprendre à l’apaiser et à mieux vivre avec.
Accueillir ses sentiments sans se juger
Il est naturel de s’en vouloir lorsque nous estimons ne pas atteindre un idéal ou ne pas avoir assez bien fait. Tout comme il est légitime de ne pas pouvoir être toujours au top lorsque nous avons moins de ressources. Les mamans qui culpabilisent ou se questionnent recherchent ce qu’il y a de mieux pour leur enfant. Cela démontre un profond sentiment de vouloir bien faire.
Ainsi, la prochaine que vous aurez cette petite voix dans votre tête qui vous taraude, essayez de vous dire : »c’est ok!« . J’aime beaucoup utiliser ces trois mots simples et qui sont apaisants. Ils ont tendance à arrêter la boucle infernale du « tu aurais dû…. ».
Est ce que je fais de mon mieux?
Lorsque la culpabilité vous envahit, posez-vous la question :« est-ce que je fais de mon mieux là avec les moyens que j’ai à ma disposition? ». Il est fort probable que la réponse sera oui! Oui vous faites de votre mieux avec les moyens dont vous disposez à un moment donné. Je tiens à préciser cette subtilité car en fonction de notre niveau de fatigue, de notre travail, de notre cycle menstruel ou encore de la disponibilité des autres membres de votre famille, vos ressources et donc vos moyens seront différents.
Apprendre à se montrer plus doux et bienveillant passe par remettre les choses en perspective et dans leur contexte. Nous parvenons aisément à le faire pour nos proches mais pas toujours pour nous-même!
Développer cette pensée : nous sommes toutes dans le même bateau!
Avoir le sentiment d’humanité partagée et prendre conscience que nous sommes toutes dans le même bateau peut vraiment vous aider à apaiser la culpabilité. Pour illustrer ce concept, j’ai envie de vous relater une petite anecdote personnelle.
Je la conduis à l’école un matin, et au moment de sortir de la maison, elle souhaite prendre sa draisienne. Elle ne peut évidemment pas l’amener à l’école donc je tente de lui expliquer d’abord calmement et ensuite plus fermement. C’est le drame pour elle ce que je peux comprendre. Une fois arrivé à l’école, elle fait une crise en sortant de la voiture devant tous les parents présents. Elle pleure, elle crie, se met à terre et refuse d’avancer. Après une tentative de négociation, je la porte et elle crie de plus belle tout en se tortillant sur moi.
Je vous laisse imaginer mon sentiment à ce moment là et la gêne qui m’envahit. Plusieurs questions se bousculent dans ma tête : comment aurais-je pu éviter cette crise?, est-ce que je me suis montrée trop laxiste ou trop ferme?, et si, ….etc. Lorsque je sors de l’école, Madame Culpabilité est encore là. Je parviens à l’apaiser en pensant à toutes les mamans qui ont déjà vécus ce moment. C’est certain que je ne suis pas la seule à avoir vécu cette situation embarrassante. Tout comme vous n’est pas non plus seules à vivre les vôtres. Le fait de pouvoir se connecter à cette réalité apaise.
Je me suis aussi demander si j’avais fait de mon mieux et oui j’ai fait de mon mieux. Peut-être que faire de mon mieux à ce moment là n’était pas satisfaisant mais j’ai fait de mon mieux.
Vous apaisez votre culpabilité en accueillant d’abord vos sentiments sans les juger vous posez la question : Est-ce que je fais de mon mieux?, et enfin, cultiver la pensée que nous sommes toutes dans le même bateau entres mamans.

Conclusion
La culpabilité maternelle est un phénomène courant, mais elle ne doit pas devenir un fardeau permanent. En apprenant à accueillir nos émotions sans jugement, en nous posant des questions aidantes comme « Est-ce que je fais de mon mieux ? » et en cultivant le sentiment que nous ne sommes pas seules à vivre cela, nous pouvons commencer à alléger ce poids invisible. Être une maman imparfaite ne signifie pas être une mauvaise mère, mais simplement être humaine. Et si nous apprenions à nous offrir un peu de la compassion que nous offrons si volontiers à nos enfants?
« Aucune mère n’est parfaite. Chacune fait de son mieux, chaque jour, avec l’amour et les ressources dont elle dispose. » Anonyme
💬 Et vous ?
Avez-vous déjà ressenti cette culpabilité d’en faire trop… ou pas assez ?
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