Le matin, tout s’enchaîne à une vitesse folle. Préparer les enfants, vérifier les cartables, penser au sac de sport, aux collations…Pendant qu’on sert les tartines, on réfléchit déjà à la journée de travail, aux rendez-vous à planifier, au cadeau d’anniversaire à acheter pour un copain de classe.
Et au milieu de tout ça, notre esprit ne s’arrête jamais. Il saute d’une pensée à l’autre, d’une tâche à l’autre, comme si tout devait absolument tenir en même temps.
C’est ça, la charge mentale : ce poids invisible que tant de mamans ressentent chaque jour, sans toujours savoir le nommer.
Il m’arrive souvent d’avoir la sensation que ma tête déborde d’informations à gérer.
Alors avant de parler de ses effets, je vais aborder ce qu’est réellement la charge mentale et pourquoi elle prend autant de place dans nos vies de maman.
Qu’est ce que la charge mentale?
La charge mentale se manifeste comme une pression constante, un poids invisible qui repose sur les épaules de celles et ceux qui la portent. Nous y sommes tous confrontés, hommes comme femmes.
Cependant, même si les papas sont aujourd’hui bien plus investis dans leur parentalité qu’autrefois, les mamans sont encore nombreuses à assumer la plus grande part de cette charge à la maison.
Cette réalité trouve en partie son origine dans le passé. Pendant longtemps, les femmes ont pris en charge la quasi-totalité des tâches domestiques, pendant que les hommes travaillaient à l’extérieur.
C’est à partir du moment où les femmes sont elles aussi entrées sur le marché du travail que les premières recherches sur la charge mentale ont émergé.
Un élément qui accentue cette pénibilité est que le travail domestique n’a jamais été reconnu comme un “vrai” travail : il reste invisible, peu valorisé et non rémunéré. Ce manque de reconnaissance, hérité de ce fonctionnement ancien, laisse encore des traces aujourd’hui. Il peut en partie expliquer pourquoi les femmes sont toujours plus nombreuses à porter cette charge invisible au sein du foyer.
Les quatre dimensions de la charge mentale
La charge mentale peut se comprendre à travers le regard de la psychologie cognitivo-comportementale (TCC), qui distingue trois grandes dimensions interdépendantes : cognitive, émotionnelle et comportementale. Certaines approches y ajoutent aussi une dimension physiologique, car notre corps réagit directement à la surcharge mentale.
La dimension cognitive
Elle correspond à toute l’activité mentale liée à la planification, à l’organisation et à l’anticipation. Lorsqu’on est maman, confrontée à de multiples tâches au quotidien, une pensée en entraîne souvent une autre :
« En rangeant la table, je pense à vider le lave-vaisselle, puis à étendre la lessive… ce qui me fait remarquer qu’il faut relancer une machine avant de partir… »
Cette succession rapide de pensées crée un enchaînement sans fin, où chaque action ou objet rappelle une autre tâche à accomplir. Le cerveau ne se repose jamais vraiment, il saute d’une idée à l’autre, comme une page internet ouverte en permanence dans l’esprit. C’est cette cascade cognitive, typique des mamans très sollicitées, qui amplifie la charge mentale : le mental reste sans pause dans un mode de vigilance et d’anticipation permanent.
Parmi les mamans que j’accompagne, je perçois bien ce fonctionnement d’une pensĂ©e qui en amène une autre sans qu’il ne semble y avoir de fin Ă ce processus.
La dimension émotionnelle
Dans la psychologie cognitivo-comportementale, la dimension émotionnelle correspond à ce que nous ressentons à la suite de nos pensées. Lorsque les pensées se multiplient, comme c’est souvent le cas dans la charge mentale, elles génèrent une agitation intérieure directement proportionnelle à cette surcharge cognitive.
Cette agitation peut se manifester par de la tension, de l’irritabilité, une impression d’être sans cesse sur le qui-vive ou dans l’urgence. Les émotions ne sont pas que dans la tête : elles s’accompagnent toujours d’une réaction physiologique. Ainsi, lorsque la charge mentale devient importante, on peut ressentir physiquement cette pression :
- une respiration plus courte,
- le cœur qui bat plus vite,
- des épaules crispées,
- ou une difficulté à se détendre, même au repos.
Ces signaux du corps traduisent l’intensité du stress et montrent à quel point la charge mentale est globale : elle touche à la fois le mental, les émotions et le corps.
La dimension comportementale
Dans la psychologie cognitivo-comportementale, la dimension comportementale correspond à la manière dont nous réagissons à nos émotions. Lorsque la charge mentale s’intensifie, cette réaction se traduit souvent par une agitation motrice : un besoin de faire, de bouger, d’agir sans relâche.
Chez de nombreuses mamans, cela prend la forme d’une hyperactivité quotidienne : vouloir tout faire, tout gérer, tout de suite, comme si ralentir était impossible ou culpabilisant. Cette tendance à “toujours plus et toujours plus vite” donne l’impression de maîtriser la situation, mais en réalité, elle entretient le cercle vicieux de la charge mentale : plus on agit sous pression, plus le mental reste en alerte.
J’ai dĂ©jĂ pu observer dans ma propre expĂ©rience, que par manque de temps, nous avons tendance Ă vouloir l’optimiser au maximum. Ainsi, nous voulons faire le plus de tâches possible le plus vite possible. Pour reprendre l’expression d’une maman que j’ai suivi, elle me disait qu’elle avait l’impression de courir comme une poule sans tĂŞte!
Ces trois dimensions, cognitive, émotionnelle et comportementale, s’influencent mutuellement et s’entretiennent en boucle. Les pensées alimentent les émotions, les émotions déclenchent des comportements, et ces comportements, à leur tour, renforcent les pensées initiales.
C’est ainsi que la charge mentale s’installe et se maintient : le corps, le cœur et le mental fonctionnent en surrégime permanent, jusqu’à épuisement. Comprendre cette dynamique permet déjà de mieux l’observer au quotidien… et de commencer, peu à peu, à l’apaiser.
Les causes de cette charge mentale
La charge mentale, aujourd’hui majoritairement portée par les femmes, trouve aussi ses racines dans des modèles anciens. Pendant plusieurs générations, la répartition des rôles était clairement définie : l’homme travaillait à l’extérieur, tandis que la femme gérait le foyer et l’éducation des enfants.
Même si la société a profondément évolué, les traces de ce modèle persistent : de nombreuses femmes continuent d’assumer l’organisation familiale en plus de leur travail, comme si cette responsabilité leur revenait naturellement.
Dès l’enfance, ces rôles sont souvent renforcés par une éducation encore marquée par les stéréotypes de genre : on offre plus volontiers aux petites filles des poupées, des cuisines miniatures ou des aspirateurs jouets, tandis que les garçons reçoivent des jeux de construction ou d’exploration. Ces apprentissages précoces contribuent à façonner la perception des rôles domestiques et à ancrer l’idée que la gestion du foyer revient avant tout aux femmes.
Les hommes et les femmes inégaux face à cette charge mentale?
Un autre facteur qui peut expliquer les raisons pour lesquelles de nombreuses mamans assument encore cette charge invisible a Ă©tĂ© partagĂ©e par le Docteur AurĂ©lia Schneider dans son livre « La charge mentale des femmes…et celle des hommes. » Je trouve son explication intĂ©ressante alors j’ai envie de vous la partager.
Elle parle de la théorie de l’iceberg : ce que l’on voit à la surface — les femmes qui planifient, anticipent et organisent sans relâche — pourrait s’expliquer en partie par ce qui se joue plus profondément, dans le fonctionnement biologique et cérébral.
Selon elle, les femmes vivent, de l’adolescence à la ménopause, un “comptage implicite” lié à leur cycle menstruel. Dès l’adolescence, elles apprennent à compter et à anticiper : la durée du cycle, la date d’ovulation, l’arrivée des règles, ou encore les variations hormonales.
Ce conditionnement biologique habitue le cerveau féminin à prévoir et calculer en permanence.
Et ce mécanisme s’étend bien au-delà du cycle : dans la vie quotidienne, les femmes comptent le temps qu’il reste avant la fin d’une machine à lessiver, évaluent la durée de préparation d’un repas, anticipent le moment où il faudra aller chercher les enfants, ou surveillent le budget du mois.
Cette façon constante de mesurer, anticiper et planifier, à la fois utile et nécessaire, serait selon le Dr Schneider profondément ancrée dans le fonctionnement hormonal féminin — ce qui pourrait expliquer pourquoi les femmes portent souvent une charge mentale plus importante dans la sphère familiale.

Les facteurs qui accentuent la charge mentale
Les facteurs externes
Certains événements ou contextes extérieurs peuvent venir alourdir considérablement la charge mentale, même lorsque le quotidien semble déjà bien rempli. Parmi ces facteurs, on retrouve d’abord tout ce qui concerne le travail : une surcharge professionnelle, un changement d’équipe ou de poste, une situation de harcèlement, ou encore un début de burnout.
Chaque modification importante dans la sphère professionnelle demande une adaptation mentale et émotionnelle, ce qui réduit la disponibilité intérieure pour gérer la sphère familiale.
L’autre facteur souvent sous-estimé est l’isolement. Les ruptures, les séparations, les déménagements, les pertes d’êtres chers ou simplement la distance avec la famille et les amis peuvent priver la personne de ses ressources de soutien. Quand on ne peut plus s’appuyer sur un entourage proche, la sensation de tout devoir assumer seule devient d’autant plus lourde.
En somme, chaque événement qui fragilise l’équilibre professionnel, relationnel ou social vient amplifier le poids de la charge mentale au quotidien.
Les facteurs internes
À côté des éléments extérieurs, il existe aussi des facteurs internes, plus personnels, propres à la personnalité et au mode de fonctionnement de chacune. Ces caractéristiques ne sont ni “fausses” ni “mauvaises”, mais elles peuvent, sans qu’on s’en rende compte, entretenir ou amplifier la charge mentale au quotidien.
Parmi eux, on retrouve d’abord la tendance à l’anxiété. Les mamans au fonctionnement plus anxieux ressentent souvent un besoin fort de contrôle : elles cherchent à tout prévoir, tout maîtriser, pour se rassurer et éviter les imprévus. C’est une réaction humaine et légitime, mais cette vigilance constante épuise le mental et alimente la sensation d’être submergée.
Un autre facteur fréquent est le perfectionnisme. Le désir de bien faire — que la maison soit impeccable, les repas équilibrés, les vêtements parfaitement repassés — part d’une belle intention : celle de prendre soin de sa famille. Mais ce niveau d’exigence, lorsqu’il devient quotidien, peut devenir une source majeure d’épuisement. À force de vouloir tout bien faire, la maman s’oublie peu à peu et s’épuise à maintenir des standards impossibles à tenir sur la durée.
Ces traits de personnalité ne sont pas des défauts : ils révèlent souvent un profond sens des responsabilités et de l’amour pour les siens. Mais lorsqu’ils prennent trop de place, ils peuvent transformer le quotidien en une course sans fin.
Les conséquences de la charge mentale
La charge mentale prolongée n’est pas anodine. Lorsqu’elle devient chronique, elle épuise peu à peu le corps et l’esprit, jusqu’à provoquer un véritable déséquilibre intérieur.
On peut distinguer plusieurs niveaux de conséquences, notamment les conséquences internes, qui affectent directement la santé physique, mentale et émotionnelle des mamans.
Une fatigue profonde et persistante
La première conséquence de la charge mentale est souvent une fatigue importante, à la fois physique et nerveuse. Ce n’est pas une simple sensation de lassitude : c’est une fatigue plus globale, parfois assimilable à une forme de pré-burnout. Même après une nuit complète de sommeil, le repos n’est pas réparateur. Le corps est tendu, le mental saturé, et la sensation d’épuisement devient presque permanente. Cette fatigue chronique traduit le fait que le cerveau reste constamment en alerte, comme s’il ne pouvait jamais “déconnecter”.
Des troubles du sommeil et de la récupération
Le sommeil est souvent perturbé : endormissement difficile, réveils nocturnes ou pensées envahissantes au moment du coucher. Et lorsque la nuit se passe sans réveil, la fatigue demeure le lendemain, comme si aucune récupération n’avait eu lieu. Ce manque de récupération entretient un cercle vicieux : plus la maman est fatiguée, plus elle a du mal à lâcher prise… et plus la charge mentale augmente.
Une hypersensibilité et une hyperréactivité émotionnelle
Sous l’effet de la surcharge mentale, les émotions deviennent plus intenses, plus rapides, plus difficiles à réguler. Certaines mamans se sentent à fleur de peau, pleurent facilement, se sentent vite dépassées ou submergées. D’autres réagissent par de l’irritabilité ou des colères soudaines, parfois disproportionnées par rapport à la situation. Ce n’est pas un signe de faiblesse, mais le reflet d’un système nerveux saturé. Le cerveau, en tension constante, n’a plus la même capacité à absorber les stimulations émotionnelles du quotidien.
Des manifestations physiques variées
Le corps, lui aussi, finit par exprimer cette surcharge. Les symptĂ´mes sont multiples et parfois changeants:
- tensions musculaires, douleurs diffuses ou courbatures,
- maux de tĂŞte, migraines, troubles digestifs,
- problèmes de peau (eczéma, psoriasis),
- baisse de l’immunité, infections répétées.
Ces manifestations physiques sont souvent le langage du corps qui tente de signaler que le rythme ou la charge ne sont plus soutenables.
Un risque réel de burn-out
Lorsque cette fatigue globale, physique, émotionnelle et mentale, s’installe dans la durée, elle peut mener à un burn-out, comparable au burn-out professionnel. La différence, c’est qu’ici, l’épuisement ne vient pas seulement du travail, mais de la surcharge cumulative entre la sphère professionnelle, familiale et mentale. Le burn-out parental est souvent silencieux. Il ne se voit pas toujours de l’extérieur, mais il se ressent profondément à l’intérieur : une perte d’énergie, de plaisir et de sens.
Parmi les nombreuses personnes que j’ai accompagnĂ©es pour un burnout, les femmes Ă©taient plus nombreuses que les hommes. J’ai pu constater que la surcharge professionnelle venait s’ajouter Ă la gestion des tâches domestiques et Ă©galement au fait de devoir penser Ă tout au sein de la maison et de l’Ă©ducation des enfants. La charge mentale inhĂ©rente Ă la gestion du quotidien avec une surcharge professionnelle peut amener certaines mamans Ă dĂ©velopper les symptĂ´mes liĂ©s au burnout.
Les conséquences externes et relationnelles de la charge mentale
La charge mentale n’affecte pas seulement le bien-être intérieur. Elle a aussi un impact important sur la vie relationnelle, en particulier sur le couple et la relation avec les enfants.
Un désinvestissement progressif du couple
Dans de nombreux foyers, les parents peinent déjà à trouver du temps pour nourrir leur relation de couple. Quand la charge mentale devient trop lourde, cette difficulté s’accentue : la maman, submergée par les obligations et la fatigue, n’a plus l’énergie ni la disponibilité émotionnelle pour entretenir le lien conjugal.
Les moments de complicité se raréfient, les gestes d’affection se font plus discrets, et la vie intime peut être mise entre parenthèses. Ce n’est pas un désamour, mais le résultat d’un épuisement global, où chaque parcelle d’énergie est consacrée à “tenir bon” au quotidien.
La relation avec les enfants
Un autre effet, souvent plus douloureux encore, concerne la relation avec les enfants. La maman peut ressentir une culpabilité profonde de ne plus être aussi présente, patiente ou disponible qu’elle le souhaiterait. Elle se sent parfois “moins efficace”, moins attentive, voire en retrait, ce qui accentue le sentiment de mal-être. Cette prise de conscience est difficile, car elle touche le cœur même de son rôle de maman.
Certaines parlent d’un manque d’envie ou d’une incapacité à profiter des moments en famille, non pas par désintérêt, mais parce que la fatigue émotionnelle est trop grande. Ce désengagement progressif, mêlé de culpabilité et de tristesse, est souvent le signe avant-coureur d’un burn-out parental : un état d’épuisement qui prive la maman de la joie et de la légèreté qu’elle aimerait vivre avec ses enfants.
Ce constat douloureux ne doit pas être un jugement, mais un signal d’alarme bienveillant : il est temps de ralentir, de se recentrer et de demander du soutien.
Conclusion
La charge mentale n’est pas une faiblesse ni un manque d’organisation : c’est le reflet d’un quotidien où trop de responsabilités, visibles et invisibles, reposent sur les mêmes épaules. La comprendre, c’est déjà commencer à reprendre du pouvoir sur elle.
Reconnaître sa fatigue, son stress, sa culpabilité ou son besoin de tout contrôler n’est pas un signe d’échec, mais un acte de lucidité et de bienveillance envers soi-même. C’est aussi la première étape pour rééquilibrer sa vie, retrouver de la légèreté et de la sérénité dans son rôle de femme et de maman.
Dans un prochain article, je vous partagerai des clés concrètes pour alléger cette charge mentale : non pas en ajoutant de nouvelles listes ou astuces d’organisation, mais en cultivant une attitude intérieure plus douce et bienveillante, celle de l’autocompassion.
Nous ne pouvons pas modifier notre quotidien surchargé. Par contre, nous pouvons agir sur nos pensées, nos émotions et nos comportements afin de vivre ce quotidien plus sereinement.
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